Le smartphone fait aujourd’hui partie du paysage quotidien de tous les bébés. Son usage est devenu omniprésent chez les parents, conduisant à un risque d’absence et de fragmentation des interactions sociales en personne (Sbarra, Briskin & Slatcher, 2018). Les effets des interruptions provoquées par le smartphone sont aujourd’hui décrits par de nombreux chercheurs comme relevant du phénomène de la « technoférence » (McDaniel & Coyne, 2016). Le smartphone génère également des expériences d’absorption qui affectent la sensibilité parentale et la réactivité à l’égard des jeunes enfants (Braune-Krikaw et al., 2021) ainsi que le développement du langage (Morris, Filipetti & Rigato, 2022). Les professionnels de la petite enfance qui rencontrent et observent quotidiennement des parents et leurs jeunes enfants s’inquiètent de plus en plus de l’effet de cette omniprésence du smartphone sur le développement du tout-petit et sur leurs interactions sociales. Cependant, nous pouvons nous demander si le smartphone ne constitue pas aussi un objet médiatisant l’attention partagée entre parents et enfants, devenant de ce fait le support d’une exploration conjointe de ses contenus en plus de ses propres affordances physiques. Le présent projet a pour but d’amener des éléments de réponse à la question de l’usage individuel ou conjoint du smartphone au quotidien. Les enseignants et étudiants du Master « petite enfance, développements et milieux de vie » ont mis en place une recherche-action en collaboration avec les professionnels du terrain afin de recueillir des données sur les usages du smartphone par les parents et par les enfants à travers un questionnaire comprenant 4 catégories recensant : 1) l’usage du téléphone par le parent (en présence ou en absence de l’enfant), 2) l’usage du téléphone par les enfants, 3) l’usage conjoint du téléphone et 4) les représentables parentales.

À travers ce questionnaire, nous cherchons à comprendre la topologie de l’usage du téléphone par le parent et l’enfant en lien avec les représentations parentales créant parfois des dissonances cognitives avec la réalité de l’usage du smartphone, les contextes d’utilisation (lors de situations d’interactions tels que l’allaitement), ainsi que le lien avec l’utilisation conjointe et l’étayage. Nous chercherons également à comprendre les facteurs qui peuvent moduler l’interaction entre l’usage du smartphone et le développement socio-émotionnel du tout petit tels que le lien entre le style éducatif parental, l’isolement social ou au contraire le soutien social que peut procurer l’usage du smartphone chez certaines personnes, le tempérament de l’enfant comme facteur déterminant dans l’accès aux écrans favorisé par le stress parental ou toute autre raison pour laquelle les parents ont recours à l’utilisation du smartphone avec leur enfant
Références :
Braune‐Krickau, K., Schneebeli, L., Pehlke‐Milde, J., Gemperle, M., Koch, R., & von Wyl, A. (2021). Smartphones in the nursery: Parental smartphone use and parental sensitivity and responsiveness within parent–child interaction in early childhood (0–5 years): A scoping review. Infant Mental Health Journal, 42(2), 161-175.
Sbarra, D. A., Briskin, J. L., & Slatcher, R. B. (2019). Smartphones and close relationships: The case for an evolutionary mismatch. Perspectives on Psychological Science,14,596618 – https://doi.org/10.1177/1745691619826535
Morris, A. J., Filippetti, M. L., & Rigato, S. (2022). The impact of parents’ smartphone use on language development in young children. Child Development Perspectives, 16(2), 103-109.
McDaniel, B. T., & Coyne, S. M. (2016). Technology interference inthe parenting of young children: Implications for mothers’ per-ceptions of coparenting. The Social Science Journal,53,435443. – https://doi.org/10.1016/j.soscij.2016.04.010
McDaniel, B. T., & Coyne, S. M. (2016). Technology interference inthe parenting of young children: Implications for mothers’ per-ceptions of coparenting. The Social Science Journal,53,435443. – https://doi.org/10.1016/j.soscij.2016.04.010